mardi 20 avril 2010

Câblodistribution : Tsimi Evouna crypte sa chaîne


Câblodistribution : Tsimi Evouna crypte sa chaîne
 Une accréditation accordée à une entreprise pour balkaniser Yaoundé et percevoir la redevance municipale.

" J'ai appris l'existence d'un contrat de concession entre la Communauté urbaine de Yaoundé et une entreprise. J'ai voulu réagir. Mais, j'ai appris que la décision avait quelques problèmes parce que la moitié des opérateurs concernés ne pouvaient pas avoir des licences d'exploitation au ministère de la Communication ". Ces propos de Paul Kene, président du syndicat national des télédistributeurs du Cameroun (Synatécam) sont évocateurs. Car, depuis quelques temps, des voix montent dans le secteur de la câblodistribution au Cameroun pour remettre en question ce contrat entre la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) et la société Planète Media.

En effet, le 15 mars 2006, la Cuy a signé un contrat de trois ans avec cette entreprise plus connue comme régie publicitaire, mais, qui agit comme gestionnaire des espaces, afin de " recouvrer le produit de l'exploitation des espaces du domaine public et privé communautaire dans les limites de la circonscription géographique de la ville de Yaoundé ", précise l'arrêté du 17 février 2006 et la convention du 15 mars 2006. La société Planète média était donc chargée, jusqu'au 15 mars dernier, selon une lettre d'accréditation que lui a signé le délégué du gouvernement auprès de la Cuy de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna, le 10 avril 2006, de percevoir pour la Cuy, la redevance mensuelle assise sur le nombre d'abonnés de chacun des opérateurs.

La société Planète Média, en dépit des centaines d'opérateurs répertoriés par le ministère de la Communication (Mincom) dans le cadre du premier forum national de la télédistribution (Fonat) organisé à Yaoundé du 18 au 20 février 2008, n'a pu enregistrer que huit opérateurs. " Il s'agit des sociétés qui ont reçu des avis favorables au Mincom, donc jouissent de la tolérance administrative, qui devaient travailler avec nous ", a indiqué Sébastien Mengue, le directeur général de planète Média pour qui la collaboration avec les opérateurs concernés n'a pas été facile au départ. Mais, " ils ont fini par comprendre le bien fondé de la démarche d'assainissement ", a ajouté le Dg de Planète Média, qui a donc " zonofié " la ville de Yaoundé, attribuant à chacun des huit opérateurs un arrondissement précis. Par exemple, l'on retrouve à Yaoundé I Télé Sat et Méga Hertz, Orbit à Yaoundé III, Avnet et Strong Electronic à Yaoundé II et Yaoundé VII, etc. Et les autres alors ?
Malentendus
" La décision a été reportée ", selon Paul Kene pour qui " Planète Media n'avait pas autorité à faire ce travail ". Selon Planète Média, un responsable indique que le contrat de concession est arrivé à son terme en mars 2009 et qu'un avenant était en préparation pour la reconduction, " en principe ", de ce contrat. " Même si le contrat de Planète Média n'est pas reconduit, l'assainissement de la ville de Yaoundé devra se poursuivre ", a laissé entendre un responsable de Planète Média pour qui cette démarche ne peut pas plaire à tout le monde. " Notamment ceux à qui profite le désordre et l'informel, puisque tout le monde se plaint : le Mincom qui réclame la licence, la Scaap qui revendique les droits d'auteurs, le fisc qui tend la main ".

Or, Paul Kene, agissant comme promoteur de Aea, la toute première société de télédistribution au Cameroun dit avoir un contrat d'exclusivité dans la ville de Yaoundé depuis 1998 après ses déboires avec le ministère des Postes et télécommunications, qui avait décidé de décrocher ses câbles des poteaux téléphoniques, à la faveur d'un contrat avec le délégué du gouvernement de la Cuy. En même temps, il dit avoir un contrat avec la société immobilière du Cameroun (Sic) pour la ville de Yaoundé, dans l'optique d'alimenter les Camps Sic. " La Cuy a pour mission de préserver le domaine public en faisant payer les amendes. Et non en louant l'espace public. Il n'en a pas le droit ", martèle le président du Synatécam.

Le cahier des charges tel que défini par le concessionnaire le 14 janvier dernier, alors que le contrat avec la Cuy arrivait quasiment à son terme prévoit en son article 5 que l'opérateur autorisé doit déposer une caution en garantie d'éventuels préjudices d'un montant de 2.500.000 Fcfa. " Ce montant ne vient pas de la bourse de l'opérateur puisqu'il va collecter cet argent auprès des câblons ", a laisser entendre un responsable de la Cuy. Câblons, selon lui, renvoyant aux petits câbleurs qui font des branchements dans les quartiers et distribuent les images à vil prix. Certains opérateurs, qui ont préféré requérir l'anonymat pour des raisons d'intérêt avec la Cuy, remettent en cause plusieurs articles de ce cahier des charges.

Notamment l'article 4 qui prévoit que l'opérateur s'engage à payer le montant de la facture arrêtée par Planète Média, " suivant le nombre d'abonnés forfaitaire à lui attribué " ou l'article 12 selon lequel les opérateurs s'engagent à respecter la délimitation qui est établie par le concessionnaire de la Cuy. Les modalités sont définies le 14 janvier 2009 ; des notifications faites à certains opérateurs le 21 janvier 2009, accompagnées des mises en garde dans le style : " ce qui entraînera le démantèlement de votre réseau de distribution dans la zone concernée ". A ce jour, la Cuy, à travers son concessionnaire, n'a pas encore sévi, le contrat entre les deux étant arrivé à son terme le 15 mars dernier.

Justin Blaise Akono

Sources: mutations

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